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Coutumes nationales tangibles

Exposition thématique « Activation des collections » du Musée national d’art de Chine

Coutumes nationales tangibles – Musée national d’art de Chine

Exposition de chefs-d’œuvre de l’art folklorique (exposition en ligne du Centre culturel de Chine à Paris)

Avant-propos

 

L’art populaire chinois est profondément enraciné dans le sol d’une civilisation agraire plurimillénaire, portant le parfum de la terre et les sentiments les plus authentiques du peuple. Déjà il y a plus de trois mille ans, les anciens s’attachaient à connaître les coutumes populaires à travers les recueils de poèmes chantés du folklore, dans le Shijing (Livre des Odes), le chapitre « Guofeng » (Airs des royaumes) rassemble les poèmes folkloriques des diverses principautés depuis le début des Zhou jusqu’à la période des Printemps et Automnes, dont le contenu exprime la vie la plus vraie du peuple laborieux et ses aspirations à une belle vie. Les formes de l’art folklorique incluent non seulement la poésie mais encore de multiples formes artistiques rayonnantes, ce sont les coutumes nationales tangibles. Ces formes multiples de l’art folklorique ont constitué les contenus fondamentaux de la culture originelle de la nation chinoise et sont devenues mémoire spirituelle collective de la nation. Le Musée national d’art de Chine depuis sa création s’est concentré sur un travail de collection de l’art folklorique, tradition issue de l’importance accordée à l’art folklorique par les artistes de l’Académie des beaux-arts Lu Xun de l’époque Yan’An. Depuis près de soixante ans grâce aux efforts de plusieurs générations, le Musée national d’art de Chine a collectionné environ soixante mille œuvres d’art plastique du folklore couvrant quasiment toutes les catégories. Ces chefs-d’œuvre de l’art folklorique sont la forme matérielle de la culture populaire chinoise, ils constituent en commun dans le temple des beaux-arts nationaux le vaste océan spirituel de la culture chinoise.

 

Les beaux-arts populaires incarnent la quête spirituelle et l’expression esthétique la plus ingénue du peuple, dans le processus de ses contacts de longue date avec la nature, le peuple laborieux avec diligence et perspicacité empruntant profitablement les matériaux locaux a créé dans la vie populaire divers formes et contenus d’expression de l’art folklorique.

 

Aujourd’hui, lorsque nous apprécions ces réalisations « originaires de la terre », nous dialoguons avec le peuple agricole industrieux de la grande terre de Chine. Les couleurs vives, les formes simples, les fabrications ingénieuses, narrent des histoires chinoises fidèles, adorables, respectables. Dans la culture chinoise douze animaux ont été sélectionnés comme signes du zodiaque correspondant selon un ordre chronologique à l’année de naissance de chaque Chinois, ainsi dans la vie populaire ces images d’animaux sont devenues des contenus d’expression fréquents de l’art folklorique ; à l’occasion de l’année du Tigre, les formes d’art folklorique sur le thème du tigre sont également à profusion de catégories multiples. Le « Tigre » en tant que roi des animaux, au cours de sa longue coexistence avec le peuple chinois, a formé en Chine une culture du tigre distinctive, il peut être utilisé en tant qu’animal sacré éloignant les mauvais esprits de la demeure, devenu image d’animal de bon augure garant de la paix, et peut également symboliser la vigueur continuellement ascendante de la vie. Les images de tigres dans les différentes formes d’arts folkloriques constituent non seulement les scènes animées des « cent tigres des festivités printanières », elles évoquent aussi dans la vie populaire la psychologie culturelle du peuple tendant vers la bonne fortune et évitant le néfaste.

 

Les anciens en Chine ont observé en haut les images célestes et scruté en bas les veines de la terre, selon les lois du mouvement du ciel et de la terre ils ont identifié les lois du changement notamment les saisons, le climat, les phénomènes naturels et ont déterminé les vingt-quatre périodes solaires dont le cycle ininterrompu débute à « l’établissement du printemps » et s’achève à « grands froids ». Les périodes solaires du printemps avaient pour les anciens de l’ère agricole une signification particulière. « Le plan d’une année s’établit au printemps », le « printemps » est la force bourgeonnante de la croissance de la vie, saison importante de renouveau des êtres et de semence des espoirs. Les attentes envers le « printemps » et les souhaits de vie heureuse se manifestent dans la richesse colorée de la vie populaire, ainsi que sous forme plastique au sein de la multitude éclatante des arts folkloriques. Les gens accueillent l’arrivée du printemps au moyen d’estampes du nouvel an, accentuent les réjouissances des festivités sous la forme de papiers découpés, recréent les plaisirs des visages de la vie par le procédé de statuettes sculptées, ressentent la fraîcheur de la brise printanière par les lâchers de cerfs-volants, ils déchiffrent les âges de la vie dans le théâtre d’ombres et expérimentent l’innocence de l’enfance dans les jeux. La brise ranime les dix mille êtres, l’immensité verte teinte la terre. La germination du beau et la création de l’art sont un potentiel inhérent au peuple, à l’instar des bourgeons d’inspiration fréquemment éclos du vert printanier qui verdissent la brise printanière de la vie. Sur le vaste territoire de Chine, l’art populaire quel que soit son lieu et quelle que soit la forme de l’existence esthétique, outre présenter l’artisanat habile et ingénieux du peuple diligent, s’exprime dans ses contenus centraux en tant que révérence à l’égard de la nature, souhaits de belle vie et évocation du monde spirituel intérieur du peuple laborieux.

 

Lorsque la civilisation industrielle a progressivement remplacé la civilisation agraire, ces formes riches et multiples d’art folklorique produites de l’enracinement dans la vie agricole sont devenues un élément majeur du patrimoine culturel immatériel. À l’ère du patrimoine immatériel, l’héritage, le développement, la conservation et l’étude des arts folkloriques sont devenus une nouvelle thématique actuelle. Cependant, quelle que soit l’ampleur des changements d’époque, les formes et connotations manifestées par les arts folkloriques demeurent éternellement mémoire spirituelle la plus profonde et la plus originelle de la nation chinoise. Cette mémoire est le fondement culturel de la nation chinoise, nostalgie du pays natal indélébile, et surtout importante source des vaisseaux sanguins culturels de notre confiance en soi culturelle aujourd’hui.

 

Directeur du Musée national d’art de Chine

WU Weishan

INFORMATIONS

Du 26 août 2022 au 31 décembre 2022

Exposition en ligne du Centre culturel de Chine

Organisateurs : Musée d'art national de Chine, Centre culturel de Chine à Paris

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GALERIE DES IMAGES

I- Cent tigres animent le printemps

Déjà à l’époque de la culture Yangshao, le dragon et le tigre deviennent en association des créatures prodigieuses à fonction protectrice. Alors que le dragon devient emblème du pouvoir féodal, le tigre fait progressivement autorité parmi le peuple, devenant animal de bon augure vénéré et affectionné des masses populaires. À partir des Ming et des Qing, dans les campagnes étendues où les activités folkloriques prospèrent de jour en jour, en particulier pendant la fête du Printemps les œuvres d’art populaire sur le thème du tigre sont encore plus nombreuses et éblouissantes. Dans la culture traditionnelle le tigre est symbole de bravoure, de courage et de vigueur, ainsi les papiers découpés et les estampes du nouvel an de différents modèles de tigres sont les plus fréquents. En particulier dans le cours moyen et inférieur du fleuve Jaune et dans les vastes régions de la Plaine du Nord de la Chine, à travers l’affichage au nouveau printemps d’œuvres du nouvel an notamment sur le thème du tigre sont confiées les belles perspectives d’expulsion des mauvais esprits, d’éloignement du néfaste et des catastrophes. Par ailleurs, des chapeaux-tigre, bavettes-tigre, souliers-tigre, aux tigres en tissu, grands tigres rugissant, figurines de tigres d’argiles assis, etc, cadeaux et compagnons de jeu du nouveau-né, les figures de tigre ornent également la vie à la saison du nouveau printemps, emplis des espoirs du peuple vis-à-vis de la perduration de la descendance, de la paix et de la bonne santé.

La majorité des œuvres de cette partie ont été collectionnées dans les années 1980 et créées entre la dynastie Qing et l’époque moderne, travaux représentatifs de nombreux artistes populaires de talent de la période agricole chinoise, elles reflètent la psychologie culturelle des Chinois accueillant la chance et leur conception esthétique de sincérité et de simplicité. Les œuvres sur le thème du tigre rassemblées ici mettent en exergue la richesse et la diversité de la culture folklorique régionale chinoise, et par leurs formes multiples et leurs couleurs vives augmentent en éclats les festivités du nouveau printemps.

II- Transformation en découpage des vents printaniers

Le papier découpé est une forme d’art populaire ancien de la nation chinoise, largement utilisé lors des activités de coutumes folkloriques telles fêtes saisonnières, mariages, funérailles, hommages sacrificiels, indispensable objet de décoration de l’environnement à la ville et à la campagne il est également utilisé comme modèle de travaux féminins notamment la broderie. En Chine, le papier découpé a une large base populaire, le langage technique du papier découpé est développé sous diverses formes : découpage, sculpture, collage entre autres. Le sol fertile du peuple a généré de nombreux et talentueux artistes de papier découpé parmi lesquels de grands maîtres de génie. Ceux-ci utilisent en leur mains le ciseau dont ils font se mouvoir la lame à travers le papier pour produire en découpage l’attachement envers les proches, les attentes envers la vie ; ils révèlent en découpage la vénération pour les montagnes, pour les rivières et les dix mille êtres, leurs éloges de la vie incessante…  Ils produisent en découpage tous les sentiments de leur for intérieur. Un lettré de la dynastie Qing loua en poème : « Même un vent de 2e mois agréable, ne vaut pas je crains le saule pleureur de papier découpé. », évoquant la technique dans laquelle excellent les artistes de papier découpé et le charme extraordinaire de cet art.

Cette partie a sélectionné une soixantaine d’œuvres de papier découpé du fonds du Musée parmi lesquelles les papiers découpés de type traditionnel largement populaires de différentes régions comme les fleurs de fenêtres, les motifs fleuris de broderie ou les fleurs présents, mais aussi des papiers découpés de type création artistique qui rompent avec la fonction folklorique en s’orientant vers l’évocation des sentiments individuels. Par ces travaux est présentée l’esthétique visuelle de l’art du papier découpé et véhiculés les pensées et sentiments de simplicité ainsi que les conceptions de création du folklore. Avec la nouvelle année l’arrivée du printemps, que ces œuvres de papier découpé telles la douceur du vent harmonieux apportent la vigueur printanière.

III- Clarté lumineuse de l’harmonie du printemps

Les estampes du nouvel an commencent sous l’antiquité avec les « estampes des dieux des portes », forme artistique appréciée de l’art folklorique chinois. Depuis des millénaires, les estampes du nouvel an par des coloris vifs et éclatants et des scènes de joie heureuse expriment les aspirations à une belle vie, réhaussent les merveilles de la pensée culturelle selon laquelle chaque année nouvelle est abondance et renouveau, nourrissant imperceptiblement la conception traditionnelle des Chinois d’héritage de la loyauté et de transmission de la culture lettrée. Les estampes du nouvel an peuvent être louées d’encyclopédie de la vie folklorique et de musée de l’art de l’esthétique populaire, leurs contenus et thématiques englobent toutes choses, des dieux, bouddhas et immortels, vie séculaire, enfants et beautés, aux histoires issues du théâtre, rien ne manque. Le style des estampes du nouvel an se présente également sous des visages aux allures multiples selon les différences de culture régionale, l’élégance de Yangliuqing, l’habileté de Taohuawu, l’aisance libre de Mianzhu, la vigueur généreuse de Wuqiang, la simplicité de l’ancien de Zhuxianzhen… Cette partie montre les travaux classiques de toutes régions collectionnés par le Musée national d’art de Chine parmi lesquels les estampes de Yangliuqing sont capitales. Yangliuqing est bourg important des estampes septentrionales du nouvel an, d’abord sous la dynastie Ming puis à son apogée sous les Qing, dans le développement de l’art populaire des estampes du nouvel an il exerce une large et profonde influence.

Le printemps est renouveau et espoir. Sur la vaste terre de Chine l’âme de l’art de toutes les régions et de toutes les ethnies se condense en un printemps culturel d’une beauté commune, l’idéal contenu dans les estampes du nouvel an est le reflet des sentiments et des expectations communs des enfants de la nation chinoise. « Quant à la clarté lumineuse de l’harmonie du printemps, les vagues ne sont pas apeurantes, la lumière du ciel en haut et en bas d’un vert émeraude à l’infini. » En les estampes du nouvel an suivons les pas du printemps, traversons le temps et l’espace afin de toucher ces belles âmes.

IV- Couleurs printanières plein le jardin

Cent fleurs du folklore écloses dans le jardin des arts rivalisent de beauté et de couleur, épanouies des couleurs du printemps. L’art du théâtre d’ombres à la luminosité colorée, transmis depuis cent ans n’a jamais perdu de son éclat, sculptures ingénieusement raffinées exaltant les histoires de la Chine. Le milvus septentrional et le busard méridional sont le spectacle le plus agile du ciel clair de printemps, un long fil relie sagesse du peuple et imaginaire artistique infinis. Les sculptures colorées du folklore conférant éclat à l’argile attribuent température et vie à la terre, simples et non ostentatoires elles façonnent l’atmosphère du printemps. Chaque œuvre de marionnette du théâtre d’ombre, de cerf-volant et de figurine polychrome, est parmi les plus représentatives de sa catégorie de la collection du Musée national d’art de Chine. Parmi elles, les marionnettes du théâtre d’ombre sont principalement des trésors de la dynastie Qing de Donglu dans le Shaanxi, dont les assemblages raffinés de gravures, les compositions rigoureuses et les coloris luxuriants représentent le plus haut niveau de l’art du théâtre d’ombres chinois à sa période d’apogée. La partie cerfs-volants provient des quatre grands lieux célèbres et courants principaux de production de cerfs-volants Beijing, Tianjin, Weifang dans le Shandong et Nantong dans le Jiangsu, aux styles et modèles riches et variés chacun doté de spécificités, ils concentrent la quintessence des cerfs-volants du nord et du sud. La partie sculptures polychromes inclut notamment les « figurines d’argile Zhang » de Tianjin, les figurines d’argile de Huishan à Wuxi et les sculptures d’argile de Dawu à Chaozhou, aux formes délicates et vivantes des personnages de l’opéra chinois, elles présentent une série de magnifiques pièces théâtrales. Nous espérons que le public flânera parmi les cent fleurs des arts folkloriques en ressentant la joie festive et la beauté du printemps.


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